Résumé
Les adénomes hypophysaires sont les tumeurs intracérébrales les plus fréquentes. Leurs symptômes sont une hypersécrétion hormonale accompagnée d’une prolifération plus ou moins importante. Les adénomes somatotropes hypersecrètent l’hormone de croissance (GH) et sont traités classiquement par des analogues somatostatinergiques ou dopaminergiques. Une petite moitié des patients acromégales est néanmoins résistante à ces traitements, et un certain nombre d’études cherchent à trouver des alternatives permettant d’endiguer la maladie. L’on sait depuis, quelques années, que le récepteur de la ghréline possède une forte activité constitutive et joue un rôle majeur dans la sécrétion de GH. Cette activité constitutive est-elle impliquée dans la tumorigenèse des adénomes somatotropes? Nos travaux ont montré un niveau de transcrits, codant pour le GHS-R, particulièrement élevé dans ces tumeurs, et l’immunocytochimie révèle un marquage punctiforme localisé à la membrane plasmique. La MSP (agoniste inverse du GHS-R) induit une diminution dose- dépendante de la sécrétion de GH des cultures primaires d’adénomes somatotropes, ainsi qu’une augmentation de leur sensibilité à l’octréotide. Cette efficacité de la MSP sur la sécrétion de l’hormone de croissance est particulièrement remarquable sur les patients résistants aux agonistes somatostatinergiques chez qui elle démontre une efficacité relative accrue. Des clones, surexprimant le GHS-R humain (lignées MYST-R), ont été générés à partir de lignées somato-lactotropes tumorales de rat (GH4C1) et leurs caractérisations phénotypiques réalisées. Sur ces cellules, le ligand endogène du GHS-R (la ghréline), induit une augmentation d’IP3 intracellulaire comme dans de nombreux autres modèles cellulaires. De façon originale, la MSP induit, quant à elle, une diminution du niveau d’IP3 intracellulaire. Au vu de ces résultats, l’inhibition de l’activité constitutive du GHS-R par un agoniste inverse, tel que la MSP, pourrait permettre de réprimer l’hypersécrétion de GH, faisant de cette molécule une alternative pharmacologique au traitement actuels des adénomes somatotropes.
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Abstract
Pituitary tumors are most usual intracranial tumors, displaying hormonal hyper-secretion with in some cases a sustained cell proliferation. The somatotroph adenomas are characterised by a GH hypersecretion. The current treatments are based on somatostatinergic or dopaminergic agonists. Unfortunately, there is steel 50% of patients, which remain insensitive to these treatments. The aim of our work is to find a pharmacological alternative to treat the patients resistant to the current therapies. Ghrelin stimulate pituitary GH release in vivo trough GHS-R1a activation. Interestingly, this receptor not only transduces signal via Ghrelin binding, but also through an unusual high constitutive activity. Noteworthy, human somatotroph adenomas expressed a high level of GHS-R1a at both mRNA and protein level. We actually assess the implication of this constitutive activity in the tumorigenesis of the somatotroph adenomas. Firstly we demonstrated GHS-R1a functionality through its capacity to fixe endogenous ligand, performing Fluo-ghrelin tracking. Then we showed that treatment of human somatotroph adenomas primary cultures, with the GHS-R1a inverse agonist (MSP: Modified Substance P), induced a dose dependent decrease of GH secretion. To foremost investigate the transduction mechanisms underlying these results, we developed, from GH4C1 (rat somato-lactotroph tumoral cell line), stable monoclonal cell lines overexpressing human GHS-R1a (named MYST-Rg). Interestingly MYST-Rg cells exhibit relatively high basal activation of the IP3 pathway. GHS-R1a endogenous ligand (ghrelin) strengthens basal IP3 pathway activation of MYST-Rg cells. Noteworthy, the basal IP3 pathway activation can be lessened by MSP treatment. Thus, MSP could be a useful alternative to the current therapies of somatotroph adenomas as it inhibits constitutive IP-3 signalling, known as a significant hormonal release pathway.
Présentée le 20 décembre 2013
Laboratoire où a été préparée la thèse : CRN2M, UMR CNRS 7286, Faculté de Médecine Nord, Bld Pierre Dramard, Marseille 15ème.
Nom du directeur de thèse : Alain Enjalbert et Sylvie Thirion