Conséquences neuroendocriniennes et métaboliques d’une sous-nutrition maternelle périnatale chez le rat
De nombreuses études épidémiologiques et expérimentales ont permis d’établir l’existence d’une programmation précoce de pathologies à l’âge adulte telles que le diabète de type 2, l’hypertension et le syndrome métabolique. Cette programmation est corrélée avec un petit poids à la naissance et reposerait sur la mise en place de processus adaptatifs permettant la survie immédiate du fœtus et du nouveau-né mais qui deviendraient délétères pour la vie à long terme.
Dans notre étude, nous avons réalisé, chez le rat, une sous-nutrition maternelle calorique de 50% au cours de la dernière semaine de gestation et/ou de lactation. Nous avons montré que la restriction alimentaire maternelle induit chez la descendance un retard de croissance irréversible et des altérations de la mise en place et de l’activité de l’axe corticotrope se caractérisant par une augmentation des taux plasmatiques de corticostérone libre au sevrage et à l’âge adulte ainsi que par une hypo réponse au stress au sevrage. Deux mécanismes de la programmation de cet axe neuroendocrinien ont été suggérés, 1/ un mécanisme nutritionnel lié à la sous-nutrition de la mère, du fœtus et du nouveau-né, 2/ un mécanisme hormonal lié à l’exposition à un excès de glucocorticoïdes maternels. Le blocage de l’activation de l’axe corticotrope chez des mères exposées à une sous-nutrition périnatale montre que ces deux mécanismes ne sont pas exclusifs et qu’ils sont impliqués dans la programmation de l’axe corticotrope.
Dans un deuxième temps, l’étude de l’axe gonadotrope au sevrage a révélé des altérations importantes du développement des gonades induites par la sous-nutrition maternelle chez la descendance des deux sexes ce qui induit un retard de la mise en place de la puberté. Enfin, la restriction alimentaire maternelle perturbe la fonction adipocytaire et la sécrétion de l’insuline chez le rat mâle adulte. Notre étude, en accord avec de nombreux autres travaux, suggère que la programmation précoce de l’axe corticotrope pourrait être à l’origine de diverses pathologies chroniques à l’âge adulte. Ainsi, la sous-nutrition maternelle, responsable au sevrage de perturbations de la fonction de reproduction mais aussi d’altérations du métabolisme, pourrait entraîner à plus long terme des pathologies de la reproduction et l’apparition de maladies métaboliques telles que le diabète de type 2.
Mots clefs : programmation foetale, axe corticotrope, axe gonadotrope, dénutrition maternelle
Présentée le 15 novembre 2003
Laboratoire où a été préparée la thèse :
Laboratoire de Neuroendocrinologie du Développement USTL, Villeneuve d’Ascq
Nom du directeur de thèse: Pr Jean Lesage