An 2012, oublions les prédictions funestes et fantaisistes du calendrier Maya et reprenons plutôt le calendrier républicain si cher à mon coeur (voir mon message en 2011). En cette année 12 de l’ère républicaine (septembre 1803-septembre 1804), deux évènements vont marquer l’Histoire: la promotion des maréchaux d’Empire et la naissance d’Amantine Aurore Lucile Dupin (plus connue sous le nom de George Sand). J’ai volontairement oublié la promulgation du Code civil Français et la nomination de Napoléon Bonaparte comme Empereur des Français (et son acceptation par la ville de Nice !)…des faits trop connotés à mon goût. Transposons maintenant ces évènements dans le cadre plus familier de la Société de Neuroendocrinologie. Dans le domaine des promotions sur la base du mérite et du courage (qualités reconnues aux maréchaux d’Empire) nous avons eu le plaisir cette année d’entériner les candidatures de Vincent Prévot, au titre de Vice-Président, et de David Vaudry, au titre de Secrétaire Adjoint, en remplacement de nos amis Catherine Llorens-Cortes et Stéphane Olier, qui ne souhaitaient pas poursuivre leurs mandats lors de la constitution du nouveau Bureau de la SNE pour la période 2013-2015. Je remercie nos deux jeunes et talentueux collègues pour leurs implications et pour le dynamisme qu’ils insuffleront, j’en suis certain, dans le développement de la Neuroendocrinologie francophone. J’en profite, en cette dernière année de mon mandat, pour remercier très chaleureusement tous les membres du Conseil Scientifique et, plus particulièrement ceux du Bureau, Catherine en tête, avec les palmes de la patience et de l’anticipation à Olivier et Valérie, soumis bien souvent à un déferlement de courriels tous plus urgents les uns que les autres. J’associe aussi aux louanges Stéphane et Nathalie, tous deux missionnés pour défendre la SNE au sein de la Société des Neurosciences. En ces temps difficiles de disette budgétaire, nous aurons réussi à préserver la santé financière de la Société et poursuivi la politique de promotion des jeunes talents en octroyant des Prix SNE-Servier et , prochainement, des bourses de voyage pour participer aux Colloques ou Ecoles sous l’égide de la SNE. L’éclat de la SNE a brillé et continuera de rayonner au travers de trois congrès résolument tournés vers l’international avec l’ICN à Rouen en 2010, le Colloque Franco-Canadien de 2011 et le futur Colloque de Banyuls qui offrira un avant-goût ibérique…en attendant le Colloque Maroco-Franco-Espagnol de Fès en 2013.
Avant d’évoquer l’année 2012, revenons sur les faits marquants de l’année passée avec en premier lieu le Colloque de Québec concocté par Pierrette Gaudreau et son équipe. Qu’il me soit permis, au nom de la SNE, de féliciter encore une fois Pierrette pour le choix du site, l’organisation millimétrée et la qualité des présentations orales ou affichées (évidemment j’exclue de ces louanges la Lecture Claude Fortier). Le repas dans la Chapelle du Musée aura été une superbe occasion d’élever nos âmes au diapason des discours christiques de William ou de Pierrette et d’écouter religieusement les messages de Remy Quirion (et Alain Baudet le premier jour) nous enjoignant de renforcer nos liens entre les laboratoires Français et Québécois. Le prochain Colloque à Banyuls sera organisé par Jack Falcon sous les signes de l’Evolution, des changements et de l’adaptation des systèmes Neuroendocriniens. Un effort tout particulier sera déployé afin d’attirer les jeunes chercheurs, thésards ou post-doctorants, par l’octroi de 12 bourses de voyage. Nous espérons ainsi mobiliser les laboratoires pour que ce Colloque soit un plein succès en termes d’échanges scientifiques, mais aussi de participation, inversant ainsi une tendance dangereuse de baisse constante d’inscrits depuis cinq ans.
Au plan des succès scientifiques de notre communauté en 2011, notons que nous restons en tête du peloton des meilleurs « publiants » dans Endocrinology et Journal of Neuroendocrinology et que des membres éminents de la SNE ont contribué à des découvertes de tout premier plan. On peut citer deux exemples (arbitrairement choisis je le concède, mais le nombre est trop grand !) parmi les derniers travaux publiés dans le domaine de la Reproduction : le rôle primordial de la prostaglandine E2 d’origine gliale dans le contrôle central de la reproduction ou la mise en évidence de « réseaux mémorisés » des cellules à prolactine hypophysaires lors d’un premier allaitement permettant une réponse plus efficace lors d‘une future tétée. J’engage tous les membres de la SNE à poursuivre leurs efforts afin que la qualité scientifique de leurs travaux soit reconnue au niveau national et international et à utiliser tous les supports de communication disponibles pour les faire connaître. Dans ce contexte, le site Web « nouvelle formule » est officiellement ouvert grâce à la ténacité et au talent d’Yves (voir l’annonce dans ce Bulletin) et j’encourage la publication de Brèves relatant les avancées les plus marquantes en Neuroendocrinologie.
L’année 2012 sera propice à la célébration des hormones, « naturelles » ou « artificielles », lors des J.O. de Londres ou de l’Euro 2012 de Football à l’Est du vieux Continent. D’autres échéances, concernant directement la politique scientifique de notre pays, viendront ponctuer cette année 2012 avec des répercussions importantes sur l’activité de notre axe HPA et l’équilibre de nos « humeurs », au sens d’Hippocrate et de Galien. Espérons qu’en contrepoint du fameux tableau de Dali « La persistència de la memòria” les montres de nos dirigants seront en phase avec les attentes des chercheurs, renouant ainsi avec une vision du monde moins formatée, plus universelle et humaniste et permettant à des disciplines « transfrontalières » comme la Neuroendocrinologie de pouvoir s’épanouir sans se renier.
Cette année aura cependant débuté par une bien triste nouvelle avec la disparition d’une des figures les plus marquantes de la Neuroendocrinologie mondiale, le professeur Wylie W Vale Jr. mort à 70 ans, pendant son sommeil lors d’un séjour à Hawaï (voir le Mémorandum dédié). Pour revenir à mon propos initial sur l’an 12, en dépit de son long conflit avec Guillemin, Wylie était un amoureux de la culture française (et accessoirement de son patrimoine culinaire et viticole…) et il connaissait sur le bout des doigts nombre d’auteurs romantiques. Je lui dédis et vous livre en guise de conclusion une citation de George Sand qui devrait guider notre réflexion sur l’Homo Neuroendocrinologicus et qui résume formidablement bien la personnalité de ce « savant éclairé» au sens des Lumières: « Le génie, c’est l’ordre dans la fantaisie » (Marielle, Prologue 8, 1862).
Jean-Louis Nahon, janvier 2012