Conséquences d’une dénutrition maternelle périnatale sur la mise en place de l’axe hypothalamo-adipocytaire chez le rat mâle : focus sur la leptine
Un grand nombre d’études épidémiologiques et expérimentales indique qu’une malnutrition périnatale sensibilise au développement, à l’âge adulte, de pathologies telles que le diabète de type 2, l’hypertension ou encore l’obésité, toutes trois regroupées sous le terme de syndrome métabolique. Ces pathologies sont associées à une altération de l’équilibre entre prise alimentaire et dépense énergétique suggérant que les systèmes de régulations impliqués dans cet équilibre se mettent en place durant la période périnatale qui constitue un moment clef de la programmation.
L’axe hypothalamo-adipocytaire, constitué du système nerveux central et du tissu adipeux, joue un rôle majeur dans le contrôle du métabolisme. En effet, ces deux tissus vont, via leur interlocuteur privilégié la leptine, être capables de réguler à la fois la prise alimentaire et la dépense énergétique. Ainsi, même si des altérations de cet axe ont été décrites dans différents modèles expérimentaux de pathologies métaboliques chez l’adulte, peu de travaux ont porté sur les conséquences de stress périnataux sur la mise en place de l’axe hypothalamo-adipocytaire chez le nouveau-né, au moment où sont appliquées les perturbations.
Nous avons entrepris, en ciblant nos travaux sur la leptine, d’analyser les conséquences d’une dénutrition maternelle périnatale de 50% (modèle FR50) sur la mise en place de cet axe hypothalamo-adipocytaire chez le raton nouveau-né de la naissance au sevrage.
Les animaux témoins présentent un pic de leptine autour de la deuxième semaine de vie qui est fortement réduit chez les ratons FR50. Cette diminution est associée à une altération des connexions hypothalamiques des neurones à POMC, le précurseur de l’a-MSH un puissant peptide anorexigène. La réduction des taux de leptine chez le nouveau-né est accompagnée d’une diminution des concentrations de leptine dans le plasma des mères et dans le lait, ce qui montre que la période de lactation et le statut nutritionnel de la mère jouent un rôle capital dans les mécanismes de programmation. En périphérie, les animaux issus de mères dénutries présentent un changement transitoire de phénotype du tissu adipeux blanc périgonadique, avec l’apparition d’un phénotype de type brun se caractérisant, en particulier, par la présence d’adipocytes multiloculaires, et la surproduction de la protéine découplante UCP1. L’ensemble de nos travaux indique que la dénutrition maternelle périnatale modifie la mise en place de l’axe hypothalamo-adipocytaire et que la période de lactation constitue une période clé pour la programmation de mécanismes impliqués dans le contrôle du métabolisme énergétique.
Mots clefs : leptine, dénutrition maternelle, programmation métabolique, tissu adipeux, hypothalamus
Présentée le 30 novembre 2010
Laboratoire où a été préparée la thèse :
Unité Environnement Périnatal et Croissance (EA4489, Université Lille Nord de France), Equipe Dénutritions Maternelles Périnatales, Bâtiment SN4, 2ème étage, Université des Sciences et Technologies de Lille, 59655 Villeneuve d’Ascq Cédex
Nom du directeur de thèse: Pr Didier Vieau